Vertige du corps

16 septembre – 18 novembre 2012

La Bibliothèque nationale de France présente dans l’allée Julien Cain, l’œuvre du photographe Étienne Bertrand Weill (1919-2001). Un parcours réalisé à partir des tirages modernes permet de découvrir une œuvre exemplaire du croisement fécond des langages et des formes entre photographie et spectacle vivant dans la deuxième moitié du XXe siècle.

À l’aube de son parcours artistique, dans l’immédiat après-guerre, Etienne Bertrand Weill se consacre d’abord au reportage humaniste et à la photographie d’architecture. À la recherche de nouvelles formes d’expression, il se tourne vers les scènes de l’avant-garde parisienne.

Catalogue d’exposition

En 1947, il rencontre le grand réformateur du mime contemporain Étienne Decroux (1898-1991) et devient le témoin privilégié de son art. Les séquences photographiques que réalise Weill servent au mime à mieux articuler sa grammaire de gestes et d’expressions. Pour le photographe, l’exploration du corps mimique représente le début d’une recherche esthétique inépuisable sur le mouvement, la lumière, l’équilibre et le déséquilibre.
Photographiant de nombreux artistes de théâtre, de mime, de danse, tels Jean-Louis Barrault, Etienne et Maximilien Decroux, Marcel Marceau, Maurice Béjart, Marguerite Bougai…, Etienne Bertrand Weill se tourne progressivement vers des formes visuelles de plus en plus immatérielles et abstraites.

Les « Métaformes », traces photographiques de la seule trajectoire du mouvement, sont l’aboutissement de ce parcours. Créées à partir d’objets mobiles conçus pour l’occasion, soumis à des durées et des rythmes différents, ces images réalisent une synthèse entre ordre mathématique et moment imprévisible, qui met en question l’essence même de la photographie, tout en évoquant un langage symbolique et spirituel. Avec ses « Métaformes », Etienne Bertrand Weill prend une place importante dans le courant artistique de l’art cinétique.

À partir des années 1960, le photographe revient au théâtre, composant des suites cinétiques et des partitions visuelles pour des spectacles, en collaboration notamment avec le metteur en scène Jacques Polieri, le mime Marceau ou la danseuse Muriel Jaer. Proposés sous forme de concerts, dits « Musique pour les yeux », ou bien comme un dialogue entre les images projetées sur la scène et la dynamique des corps en jeu, ces essais d’œuvre d’art total mettent la photographie au centre d’un univers expressif de musique, danse et théâtre.

À travers une sélection d’œuvres conservées par le département des Arts du spectacle et le département des Estampes et de la photographie, enrichie à cette occasion grâce à la générosité de la famille Weill, l’exposition permet de rendre compte de l’originalité du parcours artistique du photographe dans son ensemble.
Cette exposition a été conçue et organisée par la Bibliothèque nationale de France en partenariat avec le Centro per la Fotografia dello Spettacolo di San Miniato (Italie) et l’Association Étienne Bertrand Weill (Jérusalem), sur une idée originale de Cosimo Chiarelli, lauréat de la Bourse Louis Roederer pour la photographie en 2008.

bnf.fr | Chroniques N° 63 | p. 7